C’est la perte de contact entre la tête humérale et le socle glénoïdien ; elle peut être complète : c’est une luxation, ou partielle, on parle de subluxation. Cette perte de contact se fait le plus souvent en avant : instabilité antérieure, plus rarement en arrière : instabilité postérieure.
• Comment se produit une luxation d’épaule ?
On a vu (-> comment fonctionne l’épaule ?) que cette articulation très mobile nécessite des moyens de stabilisation résistants : le complexe capsulo-labral doublé de l’action stabilisante des tendons de la coiffe des rotateurs.
• Que se passe-t-il lors de la luxation d’épaule ?
• Que se passe-t-il après la luxation d’épaule ?
Les lésions ligamentaires peuvent ne pas cicatriser et laisser un “hamac” distendu, et les lésions osseuses de passage favorisent de nouvelles luxations qui surviendront pour des traumatismes de moins en moins importants, aggravant encore les lésions de passage.
A long terme, le cartilage va souffrir et aboutir à une arthrose glénohumérale responsable de raideur et de douleurs qui deviennent permanentes.
Cette luxation sera parfois réduite spontanément par le patient, mais le plus souvent nécessitera une anesthésie générale ; on aura bien vérifié auparavant l’absence de lésion neurologique (surtout pour le nerf axillaire).
• Que faire au décours de la luxation ?
• Doit-on immobiliser l’épaule après une luxation ?
Il est classique de proposer une immobilisation par attelle coude au corps pour une durée de trois semaines. Cela permet de mettre l’épaule au repos, de soulager les douleurs post-traumatiques mais cette immobilisation ne doit pas être stricte ; il n’est pas prouvé que l’immobilisation limite le risque de récidive, par contre elle est toujours responsable d’enraidissement.
Nous conseillons donc une prise en charge de rééducation précoce, d’abord pour entretenir le rodage articulaire, limiter les contractures musculaires, puis au-delà de trois semaines pour renforcer les muscles qui stabiliseront la tête humérale. C’est surtout cette rééducation qui minimisera le risque de récidive.
Elle peut se manifester par une récidive de la luxation, mais aussi par de simples subluxations qui sont ressenties comme un “déboîtement” incomplet de l’épaule, ou simplement des douleurs dans certaines positions du bras traduisant une “micro-instabilité”.
• À la consultation, l’examen est orienté vers la recherche de cette instabilité :
• Un bilan d’imagerie est toujours nécessaire :
• Quel traitement va -t-on proposer ?
La rééducation peut se discuter si l’instabilité n’entraîne pas de gêne permanente, et si les lésions révélées par l’arthroscanner sont limitées. Il faudra alors longtemps renforcer les muscles stabilisateurs de l’épaule.
Mais le plus souvent l’instabilité nécessite une correction chirurgicale. Actuellement, deux grandes options existent :
Le choix entre ces deux techniques doit se faire par une sélection préopératoire des patients afin de déterminer la meilleure indication car la récidive est la complication principale des techniques de stabilisation arthroscopiques. Cette sélection intègre six facteurs tenant compte :
Ces facteurs sont intégrés dans un score fonctionnel (score ISIS) : plus le nombre de points est élevé et plus l’indication penchera vers une technique de butée coracoïdienne.
Age de la chirurgie |
< 20 ans |
2 points |
> 20 ans |
0 point |
|
Niveau de sport |
Compétition |
2 points |
Loisir ou 0 |
0 point |
|
Type de sport |
Contact, armé-contré |
1 point |
Autre |
0 point |
|
Laxité de l'épaule |
Hyperlaxe |
1 point |
Normale |
0 point |
|
Lésion de la tête humérale |
Visible RE |
2 points |
Non visible RE |
0 point |
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Lésion glenoîdienne |
Visible |
2 points |
Non visible |
0 point |
Cette intervention a pour but de stabiliser votre épaule ; elle consiste à créer une butée osseuse en avant de la glène en transférant l’apophyse coracoïde avec le muscle qui est attaché ; c’est ainsi un verrouillage “musculo-tendineux” très efficace. Le taux de récidive est inférieur à 5%.
Un drainage est mis en place et l’incision fermée par un surjet. L’immobilisation consiste en une attelle coude au corps.
Intervention de Latarjet (cliquez pour relire la vidéo)
Les manœuvres de réduction nécessitent une anesthésie générale, et l’immobilisation est spécifique car elle doit se faire sur un coussin mettant le membre en rotation neutre (la position coude au corps dans un gilet favorisant la récidive !).