C’est l’arthrose de l’articulation trapézo-métacarpienne qui unit les os du poignet à la colonne du pouce.
La rhizarthrose correspond à l’usure progressive du cartilage des surfaces articulaires du trapèze et de la base du premier métacarpien.
Ces deux surfaces ont une forme particulière, dite en “selle”, dont l’emboîtement particulier offre une grande mobilité à la colonne du pouce et lui permet de s’opposer aux autres doigts :
Un pivot puissant, le ligament intermétacarpien, maintient la stabilité de l’articulation. Les contraintes à son niveau sont importantes car la colonne du pouce agit comme un véritable “outil démultiplicateur” : une pression de 1 kg au niveau de la pince pouce-index transmet une force de plus de 10 kg au niveau de la trapézométacarpienne !
La rhizarthrose est plus fréquente chez la femme, au-delà de 50 ans ; il n’y a habituellement pas de cause retrouvée, en dehors de certains facteurs héréditaires (dysplasie du trapèze, hyperlaxité trapézo-métacarpienne) ou traumatiques (séquelles de fracture articulaire).
Le mécanisme habituel et l’affaiblissement du ligament intermétacarpien, la traction du tendon abducteur qui s’attache sur la base du premier métacarpien entraîne une subluxation progressive de la trapézométacarpienne qui favorise l’usure du cartilage. On comprend que certains gestes manuels répétitifs puissent favoriser ainsi la survenue de l’arthrose.
La douleur de la base du pouce et le premier symptôme ; il survient pour la plupart des gestes utilisant la pince pouce-index : tourner une clé, ouvrir un bocal…
Mais un certain nombre de rhizarthroses ne sont pas douloureuses et se manifestent peu à peu par une déformation.
Comment évolue la rhizarthrose ?
L’articulation trapézométacarpienne va progressivement se subluxer faisant apparaître une déformation en “bosse” à la base du pouce. L’arthrose enraidira peu à peu l’articulation, rendant difficile l’écartement du pouce et les prises larges ne deviennent possibles qu’au prix d’une hyperextension de la métacarpo-phalangienne qui va distendre son ligament palmaire. Cela donne l’aspect du “pouce en Z” observé sur les formes évoluées.
Le diagnostic est évident devant une déformation évoluée. Pour les formes débutantes, on reproduit les douleurs en appuyant sur l’interligne articulaire et surtout en réalisant des mouvements de rotation et de compression de la colonne du pouce : c’est le “grind–test” qui donne une sensation typique de “crissement” articulaire.
On recherchera aussi une laxité de cette articulation qui peut être le seul symptôme au début.
Les radiographies confirment le diagnostic : c’est le seul examen utile. Elles doivent être faites de manière très précise, selon les incidences de “Kapandji” qu’il faut bien préciser au radiologue. On pourra analyser le pincement de l’interligne articulaire qui traduit la destruction du cartilage, le degré de subluxation, une prolifération osseuse (les ostéophytes).
On peut ainsi établir une stadification de l’arthrose ; pour notre part, dans un but de simplification, nous utilisons trois stades :
Le traitement se discute pour une rhizarthrose douloureuse : effectivement il n’y a pas de parallélisme entre l’importance de la déformation et la douleur.
Une infiltration sous guidage radiographique est également possible.
Mais nous proposons parfois deux autres interventions dans des cas particuliers :
Cette intervention permet de récupérer assez rapidement une mobilité complète et indolore de la colonne du pouce.
Les prothèses utilisées ne reproduisent pas la forme de l’articulation originale, ce qui est plus compliqué sur le plan biomécanique, mais ressemblent à une petite prothèse de hanche : elle se composent d’une cupule fixée dans le trapèze, et d’une tige enfoncée dans le métacarpien qui s’articule à la cupule par un pivot.
Il s’agit de prothèses “modulaires” qui comportent plusieurs tailles permettant de s’adapter à l’anatomie du patient. Les différentes pièces sont en acier recouvert d’une surface qui va rapidement s’intégrer à l’os.
La prothèse sera proposée pour une arthrose limitée à l’interligne trapézo-métacarpien, chez un ou une patiente ayant une activité manuelle modérée.
La première intervention pour traiter la rhizarthrose fut l’ablation du trapèze (“trapézectomie” décrite par Gervis en 1949) : cela supprimait le contact douloureux des surfaces osseuses, mais souvent le métacarpien restait instable et entraînait une perte de force.
Aussi on propose actuellement de reconstruire dans le même temps le ligament intermétacarpien par une plastie avec un tendon de voisinage.
Cette intervention est un peu plus longue à récupérer que la prothèse, mais les résultats sont stables avec le temps. On peut la proposer dans toutes les formes de rhizarthrose, bien que l’indication typique soit la rhizarthrose évoluée avec arthrose de stade III, qui ne serait pas suffisamment améliorée par une prothèse.
• L’hospitalisation : elle se déroule en ambulatoire, sur une demi-journée. Votre sortie se fera une à deux heures après l’intervention.
• L’anesthésie : elle se fait sous anesthésie locorégionale (bloc plexique) qui garantira une indolence complète de votre membre opéré dans les heures qui suivront l’intervention.
• Le geste chirurgical : l’incision curviligne se fait en avant de la base du pouce, afin de bien exposer les muscles qui protègent l’articulation, avec deux autres incisions plus petites pour récupérer et passer le transfert tendineux. Le trapèze est exposé et enlevé en totalité, puis un des faisceaux du tendon abducteur du pouce est détaché et passé dans des tunnels osseux à la base du premier puis du 2ème métacarpien où il sera fixé pour reconstituer le pivot qui stabilisera la colonne du pouce.
Dans le cas d’une arthrose évoluée, il y a souvent une hyperextension de la métacarpo-phalangienne (l’articulation en aval) ce qui peut rester gênant, aussi dans ces cas on réalise un geste complémentaire pour brider le ligament distendu : capsulodèse métacarpo-phalangienne.
La peau est ensuite refermée et un gros pansement en “gant de boxe” est mis en place pour protéger le pouce.
• Votre départ se fera une à deux heures après votre intervention. Nous vous remettrons les différents documents et ordonnances nécessaires, ainsi qu’un arrêt de travail et un rendez-vous de contrôle fixé au bout de six semaines.
– vous rencontrerez, le lendemain en général, un des orthésistes avec qui nous travaillons qui confectionnera un gantelet adapté sur le pansement : il faudra le conserver trois semaines en permanence afin de permettre aux muscles de cicatriser.
La visite de contrôle a lieu après la 6ème semaine où une radiographie sera réalisée. On peut à ce stade enlever l’attelle et mobiliser librement son pouce ; une rééducation est rarement nécessaire. Vous serez ensuite revu trois mois après l’intervention.
– Reprise d’activités : il faut au moins deux mois pour reprendre toutes les activités manuelles simples, et plus de quatre mois pour des activités nécessitant plus de force. Ainsi en cas d’activité professionnelle, la reprise sera possible au-delà de deux mois pour une activité modérée (travail de bureau) mais pourra être différée de plus de 3 mois pour des sollicitations plus importantes. Des activités de loisir modérées (jardinage, vélo) sont envisageables au-delà de deux mois.