La maladie de Dupuytren et une atteinte d’origine inconnue qui entraîne une rétraction progressive des doigts dans la paume de la main. Elle a été précisément décrite en 1831 par le baron Dupuytren qui en a opéré les premiers cas.
• État des lieux :
La maladie touche une structure située entre la peau de la paume de la main et les tendons fléchisseurs : l’aponévrose palmaire moyenne, qui se prolonge par de fines structures au niveau des doigts.
Cette aponévrose assure entre autres l’adhérence de la peau palmaire avec les plans profonds, c’est en quelque sorte son “squelette” qui évite le glissement de la peau lorsqu’on saisit un objet.
. Que provoque la maladie de Dupuytren ?
La maladie réalise une “fibromatose” au niveau de l’aponévrose palmaire : les tissus vont se transformer, s’épaissir, et former des nodules qui adhèrent à la peau, et des cordes fibreuses (“les brides”) qui rétractent peu à peu les doigts.
Tous les doigts peuvent ainsi être touchés, mais principalement les 4ème et 5ème doigts.
• Pourquoi survient la maladie de Dupuytren ?
On ne connaît pas ce qui induit la fibromatose, mais des facteurs génétiques sont certains : on retrouve fréquemment des ascendants familiaux chez les patients atteints. Cette maladie est beaucoup plus fréquente chez l’homme que chez la femme chez qui elle est d’ailleurs moins évolutive, sans doute là encore par des facteurs génétiques. Elle apparaît habituellement après 50 ans, et elle est beaucoup plus développée dans le nord de l’Europe.
Un certain nombre de facteurs extérieurs peuvent favoriser l’apparition d’une maladie de Dupuytren (MDD) :
Dans un certain nombre de cas, la maladie de Dupuytren prend un caractère plus sévère : elle survient précocement (vers 30 ans), a un caractère plus extensif et surtout récidive après chirurgie. On parle de “diathèse de Dupuytren”.
Elle peut s’associer à d’autres localisations comme des nodules à la face dorsale des doigts (“coussinets dorsaux”), à la plante du pied (maladie de Ledderhose) ou au niveau de la verge (maladie de Lapeyronie).
L’atteinte débute généralement à la paume de la main dans l’axe des 4ème ou 5ème doigt, par l’apparition d’un nodule induré qui peut gêner à l’appui mais qui n’est pas toujours douloureux. Il y a souvent une petite zone de peau attirée en profondeur caractéristique de la MDD : c’est “l’ombilication cutanée”.
Peu à peu, les nodules vont prendre de l’importance, il peut se former aussi une bride qui rétracte progressivement le doigt à commencer par l’articulation métacarpo-phalangienne. Mais la flexion des doigts reste toujours possible car la maladie n’atteint pas les tendons fléchisseurs.
Comment évolue la MDD ?
La rétraction va s’étendre le long du doigt et alors rétracter l’articulation en aval (l’interphalangienne proximale : IPP). Ces rétractions sont irréductibles et vont peu à peu fixer les doigts en “crochet” entraînant par là des difficultés pour utiliser la main : par exemple donner une poignée de main, écarter les doigts, enfiler un gant ou glisser la main dans la poche.
Au maximum, le doigt se rétracte dans la paume et provoque des lésions de macération.
Cette évolution a été codifiée par Raoul Tubiana qui a établi un certain nombre de stades en fonction de la rétraction du doigt :
• Comment la diagnostiquer ?
Le diagnostic est établi à la consultation dès l’examen de votre main : les nodules et les brides rétractiles sont typiques et aucun examen complémentaire (radiographie ou échographie) n’est nécessaire (sauf en cas de doute sur une forme débutante).
Par contre, des douleurs anormales associées à la déformation de Dupuytren devront faire rechercher une autre cause comme une compression nerveuse et justifier éventuellement un électromyogramme.
• Comment la traiter ?
Il n’y a à ce jour aucun traitement médical de la MDD : le seul traitement est chirurgical. Il pourra être envisagé lorsque la déformation progresse et entrave l’extension de la main : on considère que le seuil de 30° pour la MP ou l’IPP est raisonnable. Un test simple consiste à essayer de mettre la main à plat sur la table (test de Hueston) : si cela devient difficile, il faut commencer à envisager le traitement chirurgical.
Deux techniques principales existent et seront proposées selon le stade évolutif de la maladie :
. Quelles sont les indications de l’aponévrotomie percutanée (APA) ?
Cette technique consiste à sectionner une bride palpable sous la peau à l’aide du tranchant en biseau d’une aiguille hypodermique, qui joue ainsi le rôle d’un “mini–scalpel”. Elle s’est développée depuis une trentaine d’années, mais à notre sens ne peut se substituer à la chirurgie et constitue plutôt une alternative dans des cas bien précis : il doit s’agir d’une bride sur une peau souple et uniquement située à la paume de la main afin d’être à distance des pédicules vasculonerveux. Elle est formellement contre-indiquée au niveau des doigts où les nerfs s’enroulent habituellement autour de la bride.
Cette technique a beaucoup d’avantages : elle n’est pas douloureuse, non invasive (il y a souvent une petite rupture cutanée en regard du point de ponction qui cicatrise rapidement) et permet une utilisation immédiate de la main. Elle ne dispense pas du port d’une orthèse quelques semaines pour pérenniser le gain d’extension.
Mais les inconvénients sur le caractère limité de l’indication, et bien sûr le risque de récidive car on laisse en place les tissus pathologiques.
• Quelles sont les indications des aponévrectomies ?
Elles vont concerner tous les autres cas de MDD dont la rétraction digitale rend la chirurgie souhaitable : formes nodulaires, infiltrantes, et surtout étendues au segment digital. Selon l’importance de la maladie, le geste sera plus ou moins compliqué :
Selon l’étendue de la maladie, l’intervention se portera ensuite sur le doigt où les tissus fibreux sont en général plus adhérents à la peau et surtout aux pédicules vasculonerveux qu’il faut prudemment disséquer à l’aide de lunettes grossissantes.
Pour permettre une extension complète du doigt, il faut parfois décoller les ligaments de l’articulation IPP (arthrolyse) ; lorsque le doigt est complètement étendu, on évaluera la surface de peau qui découvre éventuellement les tendons et un geste de couverture cutanée sera réalisé avec un lambeau local.
On fait une hémostase soigneuse en fin d’intervention, et la main est emballée dans un gros pansement en forme de “gant de boxe” mis en place pour 24 à 48 heures : son volume assure un bon confort et permet de drainer de petits saignements résiduels.
Nous assurons un suivi régulier des pansements jusqu’à cicatrisation, chaque fois que possible au sein de la clinique. Vous serez d’abord revu(e) le lendemain ou le surlendemain de l’intervention, nous réexaminons votre main après ablation du pansement et dès lors, un pansement le plus léger possible est mis en place afin de mobiliser facilement les doigts. Des exercices d’auto-mobilisation digitale sont mis en œuvre à partir de là.
Au fur et à mesure du suivi, des exercices de rééducation et/ou une orthèse pour maintenir le gain d’extension sont prescrits.
Selon le geste réalisé, la cicatrisation sera complète entre deux semaines et un mois, mais l’évolution se poursuivra au-delà et une évolution complète sur trois mois est courante, pour retrouver toute la mobilité des doigts et une souplesse satisfaisante de la peau. Votre cicatrice restera habituellement épaisse et indurée de nombreuses semaines ce qui ne constitue pas une évolution anormale.
La chirurgie de la MDD est une chirurgie délicate au niveau d’une peau souvent mal irriguée et des complications peuvent survenir :